Parenthèse émotionnelle à Kuala Lumpur
Avant de vous emmener au japon (d’où je rédige ce post) laissez-moi vous raconter nos péripéties à Kuala Lumpur. Notre vol partis avec 1h30 de retard de Katmandou arrive donc bien évidemment en retard à Kuala Lumpur. Rien de grave puisque personne ne nous attend. Comme à notre habitude une fois l’immigration passée nous filons récupérer nos sacs mais là, le tapis ne tourne pas et (fort heureusement) une gentille voyageuse de notre vol m’informe qu’ils n’ont pas été chargés à Katmandou… Incrédules dans un premier temps, nous fonçons tout de même rapidement au bureau Malindo Air et grand bien nous a prit ! Il s’avère effectivement que les précédents vols (quatre tout de même) ont tous décollé avec les bagages des voyageurs du vol de la veille… Déclaration faite, en moins de trente minutes nous étions ressortis du bureau devant la foule des passagers qui s’étaient agglutinée derrière les deux seuls comptoirs ouverts à cette heure là (23h30). Nos bagages nous serons finalement livrés 24 heures après. Mille mercis à cette dame qui a rendu le désagrément un peu moins désagréable !
En revanche, nous avons vécu un des moments forts de notre voyage grâce aux retrouvailles avec Tamaka et Vj rencontrés ici même en 2015. Vj nous a présenté son épouse, Mariamah, et nous a annoncé fièrement qu’elle est enceinte de quatre mois (le chiffre 4 revient souvent, vous avez remarqué ?). Nous avons échangé sur de nombreux sujets (maternité, enfants, emploi, retraite…) et Jade a été au centre de mille et une attentions. Elle a aussi pu participer à nos conversations en anglais ce qui est très appréciable. Nous avons passé une journée formidable avec ces personnes merveilleuses et si attentionnées. Nous aimerions tellement les recevoir en France !
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Tokyo
Nous passons notre première nuit dans un superbe hôtel à proximité de l’aéroport Haneda où nous avons atterri à 22h30, avant de nous installer au centre de la ville dans une auberge de jeunesse plus centrale et affichant un prix plus raisonnable. Nos bagages nous ont accompagné cette fois et tant mieux car nous sentons l’accumulation de la fatigue de ces derniers jours et avons besoin de zenitude plus que de tracas ! Nous cumulons plus de trente kilomètres sur les deux jours suivants, découvrant ainsi Tokyo par les pieds tout autant que par les yeux, passant d’un quartier à l’autre grâce au tentaculaire métro, rentrant vers 17h pour nous reposer avant de ressortir profiter de l’ambiance nocturne de quartiers brillant de centaines de néons colorés… Ginza et le marché aux poissons de Tsukiji avec ses boutiques et restaurants où nous nous offrons une pause sushis, Asakusa où nous avons côtoyé des chouettes sur fond d’Harry Potter (imaginez Jade !!) avant de visiter le Temple Senso-Ji, un dimanche, jour où les japonais jouent au touriste en se parant de jolis kimonos pour se prendre en photo, Yanaka et ses petites rues aux maisons toutes bien rangées, Ueno son parc et son lac, Shinjuku où nous sommes monté au 45ème étage du Gouvernement Métropolitain pour profiter de vues nocturnes sur la ville, Akihabara et ses centres commerciaux démesurés, Shibuya et son célèbre passage piétons…
Nous avons beaucoup aimé visiter Tokyo, ville aux contrastes incroyables. D’un côté le calme avec quelques rares piétons et bicyclettes et peu de voitures, de l’autre, du bruit, du monde, de l’électrique à tous les étages. Nous y étions durant les dix jours exceptionnels de congés alloués pour l’entrée dans une nouvelle ère impériale (Reiwa signifiant Harmonie) à l’occasion de l’accession au trône du nouvel empereur (Naruhito, fils du précédent). Nous apprenons d’ailleurs que 45% de la population trouve que 10 jours d’affilé c’est trop ! Pensez-donc les japonais disposent de 18 jours de congés par an en temps normal !
Kyoto
Nous rejoignons Kyoto par le rail en empruntant le Shinkansen, train où la place allouée à chaque passager laisse rêveur… Il faut dire que nous apprécions avec un grand « A » la grande modernité du pays après le chaos du Népal ! Je ne vous parlerai pas des WC, un grand classique, en revanche laissez-moi vous donner quelques exemples que nous avons relevés :
Lorsque l’on règle ses dépenses, on ne donne pas directement l’argent mais on le pose dans un réceptacle. La monnaie nous est rendue en deux temps, les billets d’abord puis ensuite les pièces. Le nombre de distributeurs de boissons et de restaurants est juste incroyable ! On ne traverse pas tant que le « petit bonhomme » n’est pas vert mais à la différence de Singapour c’est par éducation et non pas par peur de la sanction. Dans les transports en commun, les gens dorment sac à main ouvert et portable sur les genoux. Nous n’avons vu aucune personne en sandale ou tout autre chaussure laissant voir les pieds nus. Bien sûr on fait la queue gentiment en attendant le train ou le métro et on ne monte que lorsque les passagers précédents sont descendus. Dans les parcs de certains temples, des employés, grimpés sur des échelles, sont dédiés à l’entretien des arbres ou plutôt devrais-je dire au nettoyage puisqu’ils enlèvent une à une les feuilles mortes…
Revenons donc à notre séjour Kyotoïte. Durant les premiers jours, nous visitons de nombreux temples et sanctuaires nichés dans des parcs et forêts aux arbres démesurés. Les jours suivant, Nous profitons de notre Japan Rail Pass pour nous éloigner plus au sud et visitons tôt le matin avant l’arrivée de la foule, l’une des images d’Epinal du Japon, j’ai nommé le Fushimi-Inari (an 1499) et ses 30 000 torii rouge-orangé offerts par les fidèles par le biais de dons pouvant dépasser les dix mille euros ! Nous finissons notre séjour dans cette partie du Japon par la charmante ville de Nara (quoi que un peu ambiance « Mont St Michel ») et surtout son immense parc peuplé de biches que les habitants et visiteurs nourrissent à coup de galettes à 150 yen. Nous visitons également la plus grande construction en bois au monde (Daibutsu-den dans le temple Todai-ji) et approchons une majestueuse statue en bronze de Bouddha assis.
Hiroshima
Deux heures de Shinkansen plus tard, nous voici à Hiroshima, ville tristement célèbre puisqu’elle entra dans l’histoire en disparaissant sous la cible de la première bombe atomique jamais utilisée contre une population civile. Nous consacrons une partie de notre séjour ici à la visite de son musée pour la paix, aux abords du Dome Genbaku (l’un des rares témoignages architecturaux que la ville a conservé de la catastrophe) ainsi que de son parc. Le musée rappelle non seulement les circonstances dans lesquelles l’armée américaine utilisa pour la première fois la bombe atomique mais il va plus loin en restituant les événements du 6 août 1945 dans une problématique plus large, celle de l’opportunité de l’utilisation de l’arme nucléaire et ses conséquences sur le plan humain, écologique et éthique. Visite très émouvante qui intéressa énormément notre adolescente pour qui nous avions pris l’audioguide en français. Dans le parc non loin se trouve également le monument de la paix des enfants érigé suite au décès de la jeune Sadako Sasaki, victime indirecte de la catastrophe dont voici l’histoire :
La petite fille est âgée de 2 ans lors du bombardement. Elle ne sera pas blessée et grandira sans soucis. En 1954 (Sadako a alors 11 ans) lors d’une compétition de course à pieds, elle est prise de vertiges. Hospitalisée, on lui annonce qu’elle est atteinte de leucémie due au rayonnement radioactif auquel elle a été exposée. Elle comprend donc qu’elle est condamnée mais ne perd pas espoir grâce à sa meilleure amie qui lui conte « la légende des mille grues » en lui apportant un origami. Au Japon, cette ancienne croyance veut que quiconque confectionne mille grues en origami voit son vœu exaucé. Alors Sadako commence ses pliages avec tous les morceaux de papier qu’elle a sous la main, jusqu’aux étiquettes des médicaments. Elle réalisera au total 644 grues de papier avant son décès le 25 octobre 1955 à l’âge de 12 ans. Ses amis et sa classe finiront de plier les grues restantes et lanceront un appel pour récolter des fonds afin que soit édifiée une statue en son honneur et en souvenir de tous les enfants affectés par la bombe. C’est ainsi que la statue a pu être conçue et inaugurée le 5 mai 1958, jour des enfants au Japon. Sadako se tient au sommet du monument, tenant dans les mains une grue en papier. Ces orizuru sont depuis devenus un symbole de paix. Ainsi, des gens venus du Japon et du monde entier viennent y déposer chaque année quelque 10 millions de grues en papier en signe d’hommage et de compassion envers les familles d’enfants disparus.
Notre séjour tendra également vers un peu plus de légèreté avec les visites du château (devenu musée) construit en 1590 puis détruit en totalité en 1945 avant d’être reconstruit à l’identique en 1958 et du jardin Shukkei-en avec ses maisons de thé, ses arbres magnifiques et son bassin où d’énormes carpes, telles des pigeons aquatiques, viennent quémander de la nourriture . Dernières journées nippones bien remplies donc où nous faisons des nuits sans rêves dans notre petite chambre tatamis…
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Omotenashi, l’art de l’hospitalité à la japonaise
Difficile de traduire ce mot qui signifie à la fois gentillesse, attention, patience, discrétion…
En règle générale nous avons remarqué la sagesse incroyable des japonais. Ils ne semblent transgresser aucune règle. Ils sont extrêmement polis et se saluent longuement. Ils nous parlent souvent comme si nous comprenions la langue nippone mais nous sentons tellement de bienveillance que nous ne nous sentons pas offensés. Voyager dans cette contrée aux contrastes incroyables a été pour nous un réel plaisir. D’autant plus que le confort était au rendez-vous : eau potable, papier dans les wc, sécurité renforcée… Un bémol peut-être : le manque de communication avec la population !
J’aurais aimé vous raconter et vous partager tellement plus de ce beau pays mais la connexion irrégulière ne m’a pas donné cette occasion. Nous en serons quitte pour un complément lors du bilan !
Demain nous nous envolons pour Hong Kong… Puis ce sera la Chine et ses difficultés de connexion. Nous savons donc qu’il sera compliqué de vous conter nos aventures avant notre arrivée à Seattle mais nous le ferons dès que possible. Merci de votre fidélité et à bientôt 😉
C’est toujours un plaisir de te lire Hélène mais j’avoue qu’avec le récit sur Hiroshima j’ai été très émue.
Je connais le Japon par les évocations des films de Miyazaki et des livres de Murakami ; par tes photos on retrouve bien l’ambiance de ce pays.
Bon voyage en Chine. Bisous à vous trois.
Merci pour ce message qui me conforte dans l’idée de continuer le blog même si parfois les conditions d’accès internet me donneraient bien envie de le mettre en veille ! Le Japon s’est révélé à moi comme je l’avais lu également dans le livre de Murakami que tu m’avais prêté (et dont je ne retrouve pas le titre). C’est un pays tellement agréable à voyager ! Il vous plairait c’est sûr…
Jade passe le bonjour à Maya et la remercie pour sa plante 😉
Bisous à vous 4
Merci de nous faire partager votre périple ! Bonne continuation à vous 3.
Merci pour ce gentil message 😉 Plus qu’un mois, déjà !