Bornéo

 

De Bornéo à Singapour il n’y a qu’un pas, ou du moins un vol qui dure à peine 1h15 mais quel changement à la sortie de l’aéroport ! Ce qui n’est pas pour nous déplaire car nous nous sentons clairement plus à l’aise dans des pays plus brouillons, moins organisés, standardisés (bref moins moins que Singapour !). Nous prenons un taxi prépayé pour nous rendre à notre Bed & Breakfast, tout proche du centre ville. Et là c’est un peu la douche froide, encore que, nous pouvons avoir de l’eau chaude tout de même ! C’est d’ailleurs la seule chose qui fonctionnera dans cette chambre que nous avons réservée pour quatre nuits ! À l’installation tout avait l’air correct pourtant bien qu’il n’y ait pas de fenêtre (non précisé à la réservation). Nous découvrons également que « salle de bain » ne signifie pas forcément «présence d’un lavabo » et nous nous retrouvons uniquement avec un wc-douche, j’entends par là un wc au dessus duquel se trouve la pomme de douche. C’est fréquent en Asie mais ici le concept est poussé à son maximum, si si je vous assure ! La climatisation a fait son effet les premières minutes avant de rendre l’âme.  Le jeune homme à la réception nous explique que la personne qui répare est à l’hôpital, un problème de famille et là, nous comprenons que les nuits à venir vont être chaudes et humides car avec une moyenne de 33°C la journée et 27°C la nuit, dans une chambre non aérée, on mijote. Heureusement le petit-déjeuner est bien noté dans les commentaires. Vivement demain matin ! Vous me voyez venir j’imagine… Après une nuit bien moite nous nous retrouvons devant un bol de café ou thé (au choix) et le fond d’un paquet de pain de mie ! Disparus œufs, saucisses… pourtant bien alléchants à la lecture des commentaires. Ajoutez à cela un accueil plutôt moyen et vous aurez compris que nous avons un peu « tout faux sur ce coup là » !

Heureusement, nous ne passons que peu de temps dans la chambre et découvrons Kuching (prononcé Koutchingue) et son centre ville. La ville nous semble un peu quelconque au premier abord mais nous lui découvrons rapidement un certain charme. Une mosquée magnifique, puis une autre, un temple chinois, de nombreuses statues de chats plus ou moins esthétiques (Kutching signifiant « chat » ça n’a rien de surprenant et il semble que cela aide au tourisme), un marché dans Jalan India  et du street art bien sympathique. Mais c’est à la nuit tombée que la ville se révèle être la plus agréable car la balade le long du fleuve Sarawak (du nom de la région) est toute éclairée avec monuments et pont en toile de fond. Un régal pour les yeux.  Les premières sorties nous surprennent car Jade est rapidement prise à partie pour faire des photos avec l’un ou l’autre des passants et familles que nous croisons. Les sourires sont radieux sur les visages et cela réchauffe le cœur.

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Nous trouvons vite une cantine pour manger à moins de 10€ plat/dessert/boisson pour nous trois. Tant mieux car nous savons que notre budget ici va exploser. En effet, après l’étude des différentes possibilités offertes pour découvrir la région, nous avons choisi finalement de faire appel à « Bornéo à la Carte » une agence gérée par une jeune équipe française exclusivement féminine. En plus de nous proposer des lieux moins courus des touristes, elles nous trouvent un nouvel hébergement au top pour les nuits restantes. Pensez donc, un appartement, avec laveuse et sécheuse en plus, le summum pour qui lave son linge en voyage ! Mais revenons à l’essentiel de notre venue à Bornéo : la rencontre avec les Orangs-outans ainsi que les singes nasiques (qui sont endémiques de l’île) et surtout la visite d’une longhouse et la rencontre d’une famille Bidayuh dans un village très isolé dans les montagnes de Padawan, à six kilomètres de la frontière indonésienne.

Semenggoh et  Village de Sadir

Nous voici donc partis pour deux jours avec Greg, un jeune homme du village de Sadir (Bidayuh) chez qui nous allons séjourner en compagnie de sa grande famille. Il nous dépose tout d’abord à Semenggoh, centre de réhabilitation des orangs-outans à l’état sauvage. C’est l’un des rares endroits au monde où il est possible de les voir en semi-liberté. Le centre recueille des orangs-outans sauvages retrouvés blessés, orphelins ou gardés illégalement en captivité. Malheureusement (et je ne vous apprends rien) l’espèce est en voie d’extinction du fait de la destruction de son habitat naturel (culture massive du palmier à huile et exploitation forestière illégale) mais aussi du braconnage ! Leur population totale est estimée à moins de 70 000 individus dont la moitié se trouve sur l’île de Bornéo. L’objectif du centre est donc de les rééduquer afin de pouvoir les relâcher dans la jungle pour leur permettre de vivre sans l’aide de l’homme. Le processus est long et prend des années. Une trentaine d’individus vit ici et nous espérons bien en apercevoir au moins un ! Car il ne s’agit pas d’un zoo mais bien d’une réserve naturelle, l’observation des grands singes roux n’est donc pas garantie ! Nous voici donc sur la plate forme d’observation dédiée à la venue des visiteurs, le nez en l’air, scrutant la forêt dense, à la recherche d’une tâche rousse ! Un soigneur les appelle et les attend avec des aliments qu’ils ont encore du mal à trouver par eux-mêmes dans la forêt. Il nous explique bien que nous devons garder le silence, ne pas utiliser de perche ni de flash qui peuvent leur rappeler les matraques et torches avec lesquelles ils sont parfois capturés.

Nous sommes bien chanceux car nous voyons cinq singes dont deux très gros mâles…

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Nous prenons ensuite la route pour les montagnes du Padawan et nous arrêtons au ravissant village de Simuti pour visiter une longhouse (maison longue – imposante construction de bambou) où vit une trentaine de familles Bidayuh. Le village est tout calme et nous ne voyons que peu d’habitants car en journée ils sont au travail dans les champs. Le village de Simuti n’est pas un lieu touristique et il n’y a ici aucune démonstration ou danse folklorique en costume. Juste le village « dans son jus » et les explications de Greg sur l’utilisation des différents espaces de la maison et les propriétés des nombreuses plantes utilisées pour la cuisine et les soins. Nous arrivons ensuite chez Saloma, la sœur aînée de Greg, qui nous accueille dans sa grande maison familiale dont un étage entier est dédié à l’accueil des voyageurs. L’espace est entièrement conçu et pensé comme une longhouse et nous avons adoré. Nous ne rencontrons que le papa et les quelques sœurs présentes (ils sont une fratrie de dix) car la maman ne rentre qu’à la tombée de la nuit après le travail aux champs. Après un petit tour d’horizon, nous déjeunons avec Saloma puis repartons à la découverte de la région entre baignade en cascades, rencontre avec une vieille femme fabricant les paniers traditionnels utilisés par les villageois dans leur tâche quotidienne, mais qui pour l’heure prépare du tuak, vin de riz aromatisé qu’elle nous fait goûter bien sûr, découverte  de l’école qui regroupe cinq villages (les enfants sont donc internes du dimanche soir au vendredi midi) puis retour chez Saloma pour faire la connaissance de la maman et partager en famille un dîner préparé par Cécilia une autre grande sœur qui aura été aux petits soins pour nous durant tout le séjour. Après un night walk (marche de nuit) avec Greg, nous dormons comme des bébés au frais sous notre moustiquaire car la température est fraîche en montagne la nuit.

Dans la matinée nous rejoignons une cascade naturelle à environ une heure de marche avant de revenir partager un dernier repas en famille. Greg nous raccompagne à Kuching à une heure trente de là et nous retrouvons notre grand appartement où nous nous sentons presque comme à la maison.

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Bako National Park

 Aujourd’hui nous partons avec Harry pour 45 minutes de route jusqu’au village de Bako où nous embarquons pour 20 minutes de bateau jusqu’à l’entrée du Parc National de Bako, accessible uniquement par la mer. Nous partons pour un premier trek d’une heure trente entre forêt tropicale, marais, lande, mangrove et prairie avant d’arriver sur des falaises où nous surplombons une plage déserte : ambiance « Seul au monde » ! À ce stade Harry nous explique que deux possibilités s’offrent à nous : repartir en sens inverse pour 1h30 de trek où nous en avons bien bavé (j’avoue) ou prendre une embarcation qui nous ramènera au point de départ. Le choix est vite fait !

Après un repas à la cafétéria du parc et une heure de repos, nous repartons pour 1h30 de trek au milieu des écosystèmes incroyables du parc. Une pause au pied d’une cascade nous permet de discuter avec notre guide, très discret mais connaisseur et passionné, qui nous en apprend un peu plus sur l’histoire de ce parc. Nous lui posons la question de l’introduction des orangs-outans dans ce lieu qui nous semble idéal, loin de toute civilisation. Il nous explique que l’expérience a été tentée durant deux années mais sans succès car il n’y a pas suffisamment de variété de fruits pour leur vie dans ce milieu. Il nous parle également de son épouse et de son fils qui adorent le Nutella !!! « Ne pas juger et essayer de comprendre »…

Nous reprenons notre progression entre les rochers et surtout les racines innombrables qui couvrent la quasi-totalité du sol par endroits. La progression n’est pas aisée et nous avançons très prudemment en essayant de garder un maximum de stabilité. Harry nous a bien précisé ce matin de ne pas poser nos mains sans avoir préalablement regardé s’il n’y avait pas de serpent. Un touriste italien s’est fait mordre l’année passée mais il n’y a pas de centre ici à Bornéo, il faut donc être transporté en urgence à Singapour… « Je ne sais pas s’il a survécu » nous dit-il pour conclure l’histoire ! Bref, vous aurez bien compris que le milieu est hostile mais quel bonheur une fois le trek terminé (du moins l’aller) de se retrouver sur une nouvelle plage paradisiaque rien que pour nous ! Trente minutes de répit et c’est parti pour le retour dans les mêmes conditions. Inutile de vous dire que lorsque nous arrivons à 18h au bureau du parc nous sommes essorés, lessivés, rincés et surtout trempés ! Mais quelle journée ! « Et c’est pas fini ! ». Un peu de farniente au coucher du soleil sur la plage, un repas, et c’est reparti pour une heure de randonnée de nuit à la recherche de la faune nocturne non sans avoir de nouveau bien écouté (et entendu) les conseils d’Harry « CONTRÔLER AVANT DE TOUCHER ». Un peu flippant mais ambiance incroyable au milieu des sons et des bruits des animaux du parc ! Après une heure de marche nous arrivons sur une dernière plage où nous reprenons le bateau pour retourner au village de Bako.

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Animaux rencontrés aujourd’hui que vous pouvez voir sur le diaporama : sanglier à barbe de Bornéo, macaque Langur de couleur gris argent (Silverleaf monkey), singe nasique au long nez mou (proboscis monkey), serpent (bornean Keeled green viper), lézard vert et un insecte d’une taille incroyable !

Pendant le trek de nuit nous avons vu peu d’animaux (tarentule, lézard). En revanche nous avons eu la chance de voir voler un Colugo (sorte de lémurien volant), impressionnant. Voici une photo que j’ai trouvé sur la toile :

Oh my god quelle journée !

Nous avons tellement apprécié évoluer dans ce parc aux écosystèmes fascinants ! Notre capacité physique a été mise à rude épreuve avec une température de 32°C et surtout un taux d’humidité de 94%. Jade a été fabuleuse et nous a devancé toute la journée, voulant être juste derrière Harry.

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Nous nous attendions à être surpris et épaté par Bornéo et n’avons pas été déçus loin de là ! L’accueil de la population est incroyablement chaleureux, la ville de Kuching un peu « bof » au premier abord (après Singapour en même temps la barre était haute) se révèle agréable à vivre avec son côté « gros village » et devient très belle la nuit. Et bien sûr les journées « wouaouhhhh » avec Greg et Harry resteront gravées dans nos cœurs (et nos muscles mais moins longtemps !).

MERCI  M E R C I  M.E.R.C.I

 

2 réflexions sur “Bornéo

  1. Fabuleuse rando à Bako dans une végétation luxuriante ! ça valait le coup de puiser dans ses réserves physiques ! J’ai l’impression que vous avez pu approcher les singes de très près.
    Bisous
    Laurence

    • Oh que OUI ! C’est une journée dont on parle régulièrement et qui nous donne de la force. Ici au Népal c’est encore une autre aventure, plus difficile mais tellement enrichissante.
      Gros bisous à vous 4 et Namaste from Népal

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